Le carnaval de Dunkerque dure aujourd’hui les trois mois de janvier, février et mars. Il enflamme à tour de rôle les quartiers de la ville et ses alentours de rires démesurés, brûlant les codes sociaux de la vie « civile » pour créer à travers le déguisement et la fête une fusion fraternelle. À Dunkerque, le Carnavaleux ne se donne pas en spectacle, il vit pleinement sa fête, grimé à outrance, chantant à tue-tête des chansons dunkerquoises, réalistes, tendres ou paillardes, chansons toujours de circonstance. Avec des milliers d’autres, il forme la Bande, une foule bras dessus, bras dessous, enchaînée, tonitruante, qui défile en ville dans un chahut délirant. On pense immanquablement à Rabelais : une folie rigoureuse, une émotion collective. Toutes les classes sociales confondues, fondues, s’agenouillent pour chanter la Cantate à Jean Bart, corsaire du Roi, héros de la ville. Mille poitrines émues clament, lors du rigodon final, ce chant vainqueur d’un ordre établi sur la liberté des océans :
Jean Bart, Jean Bart, salut à ta mémoire,
de tes exploits tu remplis l’univers,
ton seul aspect commandait la victoire,
Et sans rival tu régnas sur les mers.
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